Venir au monde : de la dépendance à l’indépendance
Le bébé vient au monde avec son « kit de survie » : téter, déglutir et pleurer, pour se nourrir et exprimer ses besoins. C’est sa première autonomie sur terre, dans sa grande dépendance aux adultes qui lui procurent les soins nécessaires. Dans le ventre maternel, le bébé baignait dans un milieu aquatique tel un « spa » où il avait une certaine autonomie. Ce premier environnement était à une température de 37°C constante, lumière tamisée, bruits feutrés avec une rythmique musicale en fond sonore. Le bébé pouvait se mouvoir, porté par le liquide amniotique, en appui sur les parois utérines. Il se nourrissait par le cordon ombilical sans jamais connaitre la faim, le vide et ce en toute autonomie sans que sa maman contrôle ses prises alimentaires.
A sa naissance, le bébé fait l’expérience du chaud et du froid, de l’air, du vide intérieur avec la faim, du vide extérieur de l’espace immense, de la lumière forte et du noir, du silence et des bruits forts… Agressions et totale dépendance ! C’est un choc sensoriel et relationnel immense !
Lui créer un environnement familier
Comment permettre au nouveau-né de retrouver des sensations ressenties, le rassurer et distiller en douceur de nouvelles informations sur ce nouveau monde ? Comment permettre au tout-petit de retrouver une forme d’appui, de mobilité, de dynamique, de plénitude intérieure et extérieure tout en lui donnant confiance en son nouvel environnement ?
L’allaitement à la demande permet au nourrisson de retrouver cette sensation de satiété avec un lait adapté à sa croissance, avec un goût qui varie selon les repas de la maman et à la maman la certitude que le bébé prend ce dont il a besoin pour grandir sans qu’elle ait à mesurer les quantités ingérées. L’allaitement offre aussi une continuité du vécu utérin par le contact corps à corps, cœur à cœur dans un échange de regards, de rencontre mutuelle. Ces temps de présence apportent relaxation et bien-être en sécrétant les hormones de l’affectivité, l’ocytocine, tant pour le bébé que la maman.
Une petite couverture pour envelopper le bébé de la tête aux pieds lui offre un contenant connu dans sa chaleur autant pendant l’allaitement que l’endormissement. Ce contenant permet aussi un enveloppement constant quand le bébé passe de bras en bras pour rencontrer sa famille, gardant ainsi sa propre chaleur.
Le portage permet au tout-petit de retrouver la sensation chaleureuse du corps-à-corps, bercé par le mouvement de marche du porteur et sa première sono : les battements du cœur ! Un véritable apaisement car le bébé retrouve là des appuis connus lors de son premier environnement, ce qui lui apporte la sécurité physique et affective nécessaire à sa construction.
Haptonomie et mouvement du nourrisson
L’haptonomie et son art de tenir le bébé par sa « sécurité de base », c’est-à-dire en mettant une main sous les fesses en appui contre soi ou avec l’autre main sous l’aisselle, permet un appui au bébé dans sa base et une dynamique favorisant l’échange de regards par cette assise contenante.
Une autre manière de favoriser le mouvement du nourrisson est de le poser sur le dos, sur son tapis. Ainsi il est porté par la terre, soumis à l’apesanteur, sur la plus grande partie de son corps. Dans cette position, le bébé pourra apprendre par lui-même à coordonner ses bras, ses jambes puis ses mains et ses pieds dans un mouvement volontaire dirigé vers un objet captant son attention. Il pourra aussi apprendre à se retourner sur le dos, ramper pour marcher à quatre pattes, s’asseoir par lui-même, se hisser pour se relever, tenir debout.
Au bout d’une année de travail quotidien, « bébé » enfin se lâchera pour marcher en équilibre sur le seul appui de ses voutes plantaires. Parcourir toutes ces étapes sera facilité par le simple fait de poser le bébé en sécurité sur son tapis au sol avec quelques objets, hochets simples près de lui. Le rôle de l’adulte sera de s’asseoir à côté pour soutenir d’un regard, d’un mot, d’un sourire ses progrès. Mais la responsabilité des parents sera surtout de ne pas entraver ces mouvements volontaires par du matériel contraignant dit de puériculture comme les transats, youpalas… qui empêchent le mouvement naturel de l’enfant, le rendent passif et l’habituent à une mauvaise posture. La bonne attitude à avoir est de favoriser l’autonomie du bébé en ne le plaçant jamais dans une position qu’il ne maitrise pas par lui-même, comme, par exemple, l’asseoir trop tôt.
Les pleurs du bébé
Les différents pleurs du bébé sont l’expression de ses besoins, auxquels son environnement humain doit répondre de manière empathique et appropriée. Le bébé ne fait pas de caprices, il exprime des besoins pour construire son sentiment d’existence. Pour ce faire, il a besoin de cette continuité avec son premier environnement comme un expatrié qui recherche ses pairs en terre étrangère pour parler sa langue et partager sa culture. Le bébé recherche à retrouver des perceptions de son premier pays maternel pour que depuis ces impressions connues, il puisse découvrir et apprécier son nouveau milieu.
Offrons généreusement à nos enfants ce temps, cette présence, cette continuité. Nourrissons cette dépendance. Rassurons pour qu’un jour, de ce lien, naisse progressivement son autonomie c’est-à-dire sa capacité à être, à faire puis à penser par lui-même. C’est de notre réponse à la dépendance que naitra son indépendance.