À l’heure où la pédagogie Montessori est en vogue pour ses belles valeurs respectueuses de l’enfant, comment adapter son éducation parentale ?
Pour Maria Montessori, l’éducateur doit connaître les différentes étapes de développement de l’enfant et adapter son attitude pour y répondre efficacement. Il doit l’aider quand c’est nécessaire, mais doit surtout laisser l’enfant exercer ses qualités innées et ne rien faire qui puisse les étouffer. Ainsi, c’est à lui qu’il revient d’aménager l’espace et de disposer le matériel qui est donné à l’enfant comme une aide au développement de la pensée et du geste. Voici quelques clés selon l’âge des enfants.
De 0 à 2-3 ans : l’enfant nous demande « apprends-moi à devenir moi-même »
Pour se sentir en sécurité, le nouveau-né doit retrouver des éléments de son premier environnement utérin : portage et enveloppement, environnement feutré, luminosité faible et nourriture à la demande. Il sera rassuré par une telle continuité, comme le sera un étranger en terre inconnue lorsqu’il retrouve des pratiques déjà vécues.
Le tout-petit doit acquérir sa mobilité jusqu’à la station verticale. Un grand tapis uni, sans entrave, lui permettra d’exercer sa motricité et sa concentration et donc de coordonner son œil, sa main pour réaliser son intention.
Sur ce tapis, vous pouvez disposer du matériel de perception sensorielle simple, doux, chaleureux et agréable pour les cinq sens du bébé : mobile simple, hochets en bois, balles diverses, livres de belles images, petits instruments de percussions.
De 2-3 à 6 ans : l’enfant nous demande « apprends-moi à être moi-même »
Dès l’acquisition de la marche, le petit enfant a envie de pratiquer les mêmes activités que vous. Il veut collaborer avec vous : couper une banane, sortir le linge du tambour et vous le tendre pour l’étendre, passer l’éponge sur le bord de la baignoire… Ces moments privilégiés vous permettent de transmettre vos compétences au petit enfant, lui donnant le sentiment d’être utile et nourrissant son besoin fondamental d’être digne de confiance.
Le petit enfant a besoin de manipuler, de répéter ses gestes, de se concentrer dans son activité jusqu’à sa pleine satiété. Il ne faut jamais déranger ou interrompre un enfant plongé dans une activité. Développer sa capacité d’attention lui permet de cultiver son goût de l’effort naturel.
À partir de 2 ans, c’est l’explosion du langage ! Une période qui dure quelques années avant que votre enfant puisse utiliser les mots justes pour nommer et décrire précisément les sensations éprouvées. Au début, nous le faisons pour l’enfant en exprimant notre propre ressenti et en cherchant à nommer ce que nous comprenons du sein : « C’est doux, piquant, salé, sucré, acide, amer, lourd, léger, froid, chaud, rugueux, lisse… » et « Il me semble que tu te sentais triste, déçu, apeuré, rejeté, en colère, joyeux, aimé… quand tu as dit au revoir à ton papa, que tu n’as pas pu monter sur le toboggan, que le cinéma est devenu tout noir, que mamie t’a fait un gros câlin… ». Savoir reconnaître ses sensations puis ses émotions et les nommer est une base solide pour de bonnes relations avec les autres et facilite l’amitié et la coopération ensuite !
De 6 à 12 ans : l’enfant nous demande : « apprends-moi à penser par moi-même »
L’enfant devient à 6 ans un « nouveau-né social ». Dans son langage apparaît le « nous », cette somme des « je » qui doit se conjuguer pour jouer et travailler ensemble en proposant chacun son idée, en écoutant celle des autres, en posant des questions, en renonçant à son envie pour découvrir autre chose…
Cet âge du « C’est pas juste ! » nous renseigne aussi sur le besoin de justice et d’équité des enfants. Le lexique des émotions est donc indispensable à cet âge pour débloquer les situations conflictuelles en nommant son ressenti, en exprimant son besoin et en cherchant ensemble une solution gagnant/gagnant !
C’est aussi l’âge « le plus intellectuel de toute la vie ! ». Alors, en avant pour les musées, les sites historiques, les cités des sciences, les voyages… préparez-vous à leur faire noter leurs questions diverses et à les accompagner dans leur recherche de réponses en les orientant vers les médiathèques, les professionnels pour découvrir des métiers, les bons sites internet…
Tous les 6 ans, l’enfant se transforme physiquement et psychiquement et nous, parents, devons-nous adapter à sa nouvelle manière d’être, d’apprendre et d’être en relation.
Toutefois, quelques attitudes sont une constante d’éducation. La plus importante : observer avant d’intervenir ! C’est l’art de cultiver son calme et sa patience plutôt que sa réactivité. Avant d’agir, demandons-nous si l’enfant ou quelqu’un d’autre est en danger, si le matériel n’est pas respecté. Si les réponses sont non à ces questions, l’enfant peut continuer son travail ! Il se construit par l’expérience !
À tout âge, il est aussi plus agréable et profitable de dire à l’enfant ce qu’il est possible de faire et à quel moment le faire plutôt que ce qu’il ne doit pas faire. Le cerveau n’a pas de négation ! Un conseil magique avec les plus petits !